Idéaliste, Alceste prétend se comporter sans hypocrisie. Il clame son intransigeance face au pouvoir et à ses compromissions. Il souhaite convaincre Célimène, jeune femme mondaine et coquette dont il est épris, de fuir cette société et de renoncer au monde par amour pour lui. Rêver de vivre dans un désert. Détester tous les hommes. Faire son coléreux dès que l'occasion se présente. Refuser la moindre concession à la société. Car y vivre, c'est accepter d'en jouer le jeu et d'en supporter les masques.

Au "Misanthrope" (1666) comédie de moeurs et chef d'oeuvre de Molière, Courteline adjoint en 1902 un acte, "La Conversion d'Alceste", où il donne libre cours à sa verve satirique prompte à dépeindre les travers de la petite bourgeoisie, fine auscultation de la bêtise au quotidien, d'où surgit l'absurde.

Déjà metteur en scène au Théâtre de Carouge en 2002 de "Conversation chez les Stein sur Monsieur de Goethe absent" de Peter Hacks, de "L'Ami riche" de Matthias Zschokke en 2003, puis de sa burlesque suite "L'Invitation" en 2006, Michel Kullmann a été un vigoureux interprète de Molière, notamment dans "Le Médecin malgré lui". Il a toujours cherché à donner de nouvelles voies et expressions à la comédie, comme en témoigne le succès de "La Contrebasse" de Patrick Süskind qu'il a repris en 2003 et en 2006.