Le vieux Jean-Daniel raconte sa jeunesse sous l�uniforme, dans une Suisse en proie à la guerre civile. Ce texte n�est pas d�à présent. Il fête ses cent ans et parle du milieu du siècle précédent. Des faits brefs, bruts, pour le récit simple du grave conflit de religion qui divisa la Suisse et heureusement s�acheva après quelques semaines et quelques victoires rapides du camp fédéral dirigé avec sagesse par un Genevois : le Général Henri Dufour.

Ramuz saisit avec une juste acuité les détails cocasses, les instants d'émotion qui ponctuent les vies de ces citoyens métamorphosés en soldats. Ce morceau de gloire rapetissée d'une histoire nationale rapetassée, passe sans transition de l'épopée au conte, de la grandeur tragique aux considérations terre à terre.

Le récitant développe la musique et les rythmes du verbe ramuzien, et l�orchestre projette les couleurs et les images de Jean-François Bovard. Le compositeur signait là sa dernière partition, après trente années de création foisonnante, pour des groupes de jazz et des grands orchestres, des bastringues et des grandes Arènes, des ballets et la cérémonie du couronnement de la Fête des Vignerons. Ce spectacle, surprenant dans sa forme et puissant par ses thèmes, offre un moment d'art privilégié.